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Donc, comme d’habitude, à chaque année, le club Aquadyne paquette (prononcez "ivre") nos petits et on se rue sur la 138. Rien d’anormal, me direz-vous, et je vous rétorquerai que je n’en disconviens point.
Seul point singulier du parcours à signaler, une bande de brouillard sur le fleuve, d’autant plus étrange qu’un navire s’y faufila, vis à vis de Cap-à-l’aigle. C’est à ce moment qu’on se fait dépasser par d’autre membres du club, qu’on rattrappe dans la file d’attente pour la traverse Baie-Sainte-Catherine_Tadoussac.
Patati, patata, on embarque, et j’ai tôt fait de remarquer, sur le quai longeant la traverse, un chantier bizzare: des tuyaux vont dans l’eau, des gros bouillonnements arrive en surface par intermittence et on voit, quand la surface n’est pas trop agitée, une lueur sous la surface. C’est au moment où j’ai vu le gros drapeau de plongeur à côté d’un camion annoncant une compagnie de plongeurs commerciaux de Alma que j’ai cliqué: y’a un plongeur qui travaille là! M’est avis que le bruit de l’hélice de la traverse (ferri-boîte pour nos cousins d’outre-flaque) doit lui sonner les cloches par moment...
Ça et là flottent, dans les recoins du quai à l’abri des courants de surface, divers débris dont les plus conséquents sont des pitounes. Un autre membre, passé plus tard, nous dira avoir aper˙u des portes de maison... Il paraît que durant les inondations, y’avait un paquet de trucs hétéroclites qui flottait partout.
Histoire de nous ébranler de notre rêverie, la traverse s’ébranle, et nous voguons allègrement au travers du fjord du Saguenauy, bien encadré de ses propres laurentides personnelles réservées à son usage exclusif (avec acte notarié à l’appui).
Le soleil est bientôt en train de bien faire griller le japon, ce qui signifie qu’il fait noir sur la côte nord. Peu importe, c’est la pédale dans le tapis qu’on se rue vers le Quai des pilotes, histoire de jauger la situation.
Situation incroyablement calme: pas un clapotis, pas une vague, rien.Rien que la lune qui se mire dans le fleuve, avec jupiter juste en dessous. On peut même, à la faveur du clair de lune, suivre la corde qui mène vers la direction générale de l’épave du Bergeronne Trader sur une bonne distance!!! Visibilité très bonne! Quelques étoiles tentent tant bien que mal à concurrencer l’astre de la nuit, tandis que la rive-sud étale un chapelet de lumières d’un horizon à l’autre.
Il est tard, il fait noir, alors on décide d’aller à l’hôtel, le sérinissime Manoir Bellevue. Qui s’est refait une beauté sans toutefois mettre une chambre de bain dans chaque chambre.
En attendant que les autres membres arrivent, je vais marcher sur la grève. Irréel: pas une vague. On se croierait sur les bord d’un lac typique si ce n’était de l’odeur franchement maritime qui sourd du
large.
Revenu, je constate que tout le monde est là. Après s’être copieusement tiré la pipe, on monte se coucher. Il paraîtrait que je ronfle, mais je peux jurer ne jamais m’être entendu ronfler.
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Déjeuner. Plus tard que prévu. Départ. Plus tard que prévu. Arrivée au quai des pilotes. Plus tard que prévu. Mais 30 secondes après être descendu de l’auto, j’ai déjà vu 3 baleines! Ça promet! Au large, un mastodonte passe, et s’apprète à virer au large après avoir remercié son pilote.
On va s’inscrire au Marineludeninstitutgeshellshaftoberkommandantur pour y payer notre écot qui nous autorisera à jouir du monde sous-marin fluvial. Puis commence le lourd, pénible et lent rituel de la descente des bouteilles et des poids. Curieusement, il n’y a pas beaucoup d’autre plongeurs; au moment où on arrive, trois sortent de l’eau et, malgré qu’ils soivent en wetsuits, ils ne se plaignent pas de la température de l’eau. Probable que c’est dù à la présence de leurs blondes...
Puis c’est le carpillage, d’autant plus ardu que sont épais les drysuits. Dûment habillés, on se met à l’eau. Changement pour cette année: des marches de ciment descendent dans l’eau! Y’a pas à dire, on prend soin du monde... Après des ajustements de poids de dernière minute (je décide de prendre un trois livres de plus à la sauvette), on descend.
L’eau est évidemment froide, mais je suis surpris de ne pas en être plus surpris, ni incommodé. Ça doit donc être une bonne idée de bien coller sa cagoule sur le ciboulot!!! Mes gants, rapiécés à la hâte, sont un peu moins chauds; je crois que je suis dû pour une nouvelle paire. Au fond, oursins et étoiles de mer pullulent.
On suit la corde posée sur le fond, et parvenus à son extrémité, on tourne à droite et on se promène paresseusement en descendant, tout en se dirigeant vers le mur. Anémones, anémones, étoiles de mer, un concombre marin ˙a et là, et l’inévitable sigouine de roche qui se faufile partout, pour se retourner et nous considérer d’un air vaguement désapprobateur.
Quelques crabes par ci-par là achèvent de donner une image résolument sous-marine au paysage. Du très réussi. Enfin, beaucoup plus réussi que le fond du lac typique des Laurentides. Ça mérite le voyage.
On se glisse sans effort au dessus de tout ce monde qui se meût lentement, sauf quand une secousse brusque (toujours à la limite de notre champ de vision) indique que quelqu’un s’est soudainement recyclé dans le rôle du lunch de quelqu’un d’autre.
Nous arrivons soudain sur le mur; la paroi bien oblique cède la place à la descente vertigineuse. Malgré la quasi-verticalité, un crabe se fraie un chemin parmi les anémones pour qui le mur est aussi emmerdant qu’un pet de bactérie l’est pour l’une des innombrables baleines qui nous cotoîent, un peu plus loin dans le fleuve.
Mon air baisse. Pas étonnant, on est à 25 mètres sous le plancher des mouettes! J’en fait prendre connaissance à mon copain, et on rebrousse chemin tranquillement, en remontant paresseusement tout en scrutant.
Le soleil éclaire tout le paysage si parfaitement que c’est au moment où je veux regarder dans un trou que je m’aper˙ois que j’ai oublié ma lampe.
A 5 mètres, on se tape un palier. J’en profite pour regarder dans les recoins, entre les oursins verts. Pas de nudibranche. Ah là la!
Remontés, on est à peine sortis de l’eau qu’un quidam nous demande sans tact à quelle profondeur nous étions. Je lui demande pourquoi, et il nous donne de la marde parce que nos bulles étaient tout près d’un bateau de touristes qui vient de passer, en partant emmerder les baleines. Je lui dit qu’on était à 25 mètres de profondeur (en métrique dans le texte).
Ça doit le boucher, car il part sans en redemander.
Sortis de l’eau, on enlève le plus lourd. Je décide de garder mon habit, parce que je crois que je vais aller me "promener"... Je remets donc mes palmes, et le masque autour du cou, je pars à la nage, résolument vers le large. La voie est libre, le bateau du pilote est loin au large, et pas de bateaux de touristes non-plus. De toutes fa˙ons, le bruit qu’ils font tous rend très facile leur localisation...
Dès que je suis à environ 50m du rivage, on me crie "Baleine!". Je me retourne pour voir plonger, 100m plus loin environ, un bon vieux rorqual commun. Un peu court. Je nage un peu plus vite, sur le dos, en dauphin. Sur la rive, deux enfants me font des grands tatas. Je me garde bien de leur répondre, car je ne veux pas avoir une armada de secours à mes trousses!
Je m’éloigne à environ 100 mètres du rivage, mais pas la moindre trace de baleine. Je me laisse flotter, sans effort. Au large, le bateau du pilote a fini de donner un pilote à un navire arrivant, et rebrousse chemin. Je le suis avec attention, histoire de ne pas être sur son chemin, d’autant plus que pour un moment, il a l’air de venir directement sur moi...
Bin non, car il vire de bord, et passe très loin de moi. Je me laisse aller, bien confortablement. Mais pas la moindre baleine, cependant. je rebrousse chemin, tout en constatant que les deux mômes jouent encore du panier à salade. Vraiment, y’a du monde qui savent pas quoi faire pour brûler leurs Froot-Loops du déjeuner...
Je remarque aussi que le bateau du pilote fait demi-tour et se dirige vers moi. Pas d’erreur, c’est à moi qu’il en a. Il s’arrête près de moi, et amusé, un des hommes à bord ouvre la porte et me demande si tout va bien.
- Pas de problème, je réponds. J’attends la baleine de midi et demie...
Il referme la porte, et semble satisfait parce que tout le monde à bord arbore un grand sourire. Il rebrousse chemin et s’en retourne au bord. Les deux moulins à vent de la rive ne semblent pas démordre.
Moi aussi, je décide de revenir, paresseusement. Un autre navire approche, au large, et le bateau du pilote remet ˙a. Cette fois ci, en passant près de moi, le même gars que tantôt me fait signe de retourner au bord, tout en semblant réprimer un fou-rire.
Bah, je me dis, de toutes fa˙ons, j’y fais. Puis, c’est au tour du capitaine d’un zodiac qui s’en va emmerder les baleines de stopper, et de me dire de retourner au bord, cela alors que je suis à moins de 15m du rivage... Sur la rive, le pète-sec qui s’inquiétait de nos bulles saute d’un rocher à l’autre. Par contre, plus de trace des ti-culs qui fesaient de grands moulinets.
Arrivé sur le bord, à la corde du quai des pilotes, j’enlève mes palmes puis je monte pour faire face au Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer Erhard Krupp (à moins que ce soit Ulrich Heikel, ou bedon Udo von Shlieffen, ou encore Konrad Zimmerman, ou peut-être Wilhelm Tröpfenwagen) qui commence à me donner une tula à propos que c’est interdit d’aller nager au large.
- En vertu de quoi? Je lui demande.
- En vertu de la loi du gros bon-sens, qu’il me répond.
Je lui dis d’aller se mêler de ses oignons, qu’il n’avait pas à me dire quoi faire, que le fleuve est à tout le monde, etc.
- Il y a une circulation maritime intense, c’est pas le moment de se faire frapper par un bateau, etc, etc, etc.
Non mais qu’est-ce que c’est que cette nouille? Faut avoir du front en pépère pour donner de la marde au monde comme ˙a, non? Je suis bien capable de surveiller les bateaux, non? Et puis quoi encore? Mais la cerise sur le sundae est quand il me dit qu’en cas d’accident, la Marineludeninstitutgeshellshaftoberkommandantur est responsable!!! Une belle bande d’innocents comme ˙a, ˙a m’étonnerait... Puis il me pond un magistral "Et puis c’est quoi cette idée d’aller nager au large, pour aller voir les baleines, peut-être"???
M’est avis qu’il veut protéger le racket des opérateurs de bateaux qui emmenent les touristes pour emmerder les baleines.
Arrivé devant le "phare" rotatif marquant la station des pilotes, y’a une nana, toute imbue de l’importance que lui conférerait son walkie-talkie ostensiblement brandi devant elle, comme un hochet.
Elle aussi commence à me tomber sur le paletot. Là, mon sang ne fait qu’un tour, et je leur dit d’aller retourner compter leurs petits papiers, et que leurs truc n’était qu’un racket pour faire une piasse vite sur le dos du monde.
Curieusement, ils me lâchent au moment où j’arrive près du groupe du club, qui semble très amusé de ma "mésaventure" dans les griffes de la Geheimeswammpolizei, qui d’ailleurs, a été consignée dans le journal du club par la phrase "Baywatch in action"... Tout le monde du club (enfin, ceux qui était au dessus de la surface) était plié en deux devant l’hystérie du Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer et de son acolyte, la Dauberpöte Elsa...
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L’incident clos, on déballe les sandwiches (sandvouiche pour les cousins d’outre-flaque) et on se bourre la face. La bouffe finie, je décide de me promener un peu, nourissant le vague espoir de rencontrer dans un détour le Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer pour lui faire bouffer son walkie-talkie.
J’arrive du côté de la baie des basques, tout étonné de ne pas voir le pullulement de plongeurs coutumier, pour tomber sur un groupe avec qui je pique une jasette. Tous du monde du Saguenay, qui sont ici pour la première fois depuis... On jase de banalités, et ils sont bien amusés du récit de ma récente mésaventure... Ils me disent qu’ils se sont fait proposer un walkie-talkie quand ils se dont enregistrés... Je réponds que c’est bien pratique: "Allo, la Marineludeninstitutgeshellshaftoberkommandantur? On aurait besoin de trois caisses de 24 et de trois pizza all-dressed extra fromage"...
Je tourne pour trouver tout le monde en train de relaxer à la planche. On dort, on lit, ou on placotte. Je change ma bouteille, puis m’en retourne vers le quai des pilotes en passant par les rochers. "Ne va pas trop loin", qu’on me lance, ce qui fait rire tout le monde...
En revenant, je vois le Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer demander quelque-chose à un membre, puis s’en retourner.
- Qu’est-ce qu’il voulait?, je demande.
- Il demandait si on était des plongeurs, qu’il me répond.
Non, mais c’est pas pire pan toute, ˙a! "Est-ce qu’on est des plongeurs?"!!! Et quoi encore? Nein, mein Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer, on vient ici pour jouer à la ringuette (avec une roulette de duct-tape - vu qu’on est des plongeurs "techniques" dûment certifiés Nitrox - mais on plonge pas Nitrox parce que c’est trop cher)!!! V’la quelqu’un qui vient à point nommé pour remplacer notre tête de turc qui s’est désistée à la dernière minute!!!
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Les baleines s’enhardissent, et passent de plus en plus près du rivage. L’une d’elles passe même à moins de 20 mètres du bord!!! Au large, on aper˙oit les dos blancs caractéristiques d’un troupeau de bélugas.
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Puis vient la deuxième plongée. Pas tellement différente de la première, non plus, sinon que j’enlève le poids supplémentaire pris à la dernière minute, et qui, finalement, s’averera avoir été superflu (c’est pas bien tarabiscoté, ˙a, comme conjugaison de verbes, hein? Avouez que vous auriez pas osé faire ˙a ni dans votre classe de réthorique, ni dans votre cours de scribouillure!).
Ah oui, j’ai pas oublié ma lampe cette-fois ci. Mais comme la batterie se meurt (et ne se rend pas), c’est tout comme.
Ressortis, on paquette (prononcer "saoul") et on s’en retourne à l’hôtel, histoire de faire un brin de toilette avant de s’en aller "à l’endroit du souper"...
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Souper bon, mais cher, ponctué des traditionnelles jokes du club à propos des petits-pains (d’une marque que je ne ploguerai pas ici) individuellement emballés. Puis c’est la bouffe. C’est curieux, mais avez-vous remarqué que les plats ont toujours l’air meilleur sur le menu que dans l’assiette?
La graille entiflée, on décide d’aller voir les étoiles au quai des pilotes. En arrivant, on voit une étoile filante! Ça commence bien, mais ˙a ne continue pas comme ˙a, vu que la lune vole le show.
On(1) se dégonfle peu-après et on(2) décide de retourner à l’hôtel.
L’une des deux autos arrive une demi-heure plus tard. Ils ont décidé d’aller voir arriver la traverse, puis ils se sont fait arrêter par la police 2 secondes après être entrés sur la réserve d’Essipit, simplement pour se faire donner un 48 heures à cause d’un feu de position défectueux.
(1 "ON" exclut la personne qui parle)
(2 pas ici)
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Tout le monde est crevé, et on ne se fait pas prier pour dormir... A ce que je sache, je n’ai pas ronflé.
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Déjeuner. Plus tard que prévu. Départ. Plus tard que prévu. Arrivée au quai des pilotes. Plus tard que prévu. Comme d’habitude, quoi.
Mais aujourd’hui, il vente. Fort. Très fort. On va s’installer à l’abri, dans l’anse aux basques.
HORREUR!
Tout le monde est là!
Jean-Jacques, Claude, Simone, Léon, Marcel, Noémie, Joe, Richard, Jean, Michel, Aimé, Marie, Philippe, Timothy, Stéphane, Jack, Edmée, Catherine, Yvon, Claudette, Alcibiade, Micheline, Maurice, Jean-Pierre, Archibald, Léonce, Martin, Marc-André, Régis, Charles, Aldée, Marc, Victor, Madeleine, Louis-Philippe, Suzanne, Fabrice, Adélard, Gaston, Romuald, William, Gérard, Yvan, Jean-Fran˙ois, Alcide, Alexandre, Fran˙oise, Guillaume, Tancrède, Chantal, Didier, Averell, Hillel, Réginald, Louis, Pierre, Yves, Jules, Lucie, Gontran, Claude-René, Georges, Patrick, Alastair, Richard, Jacques-Yves, Loïc, Guy, René, Éric, Conrad, James, Jean-Henri, Anselme, Ludger, Paul, Samuel, Noèl, Benoît, Marguerite, Pascal, Jeanne, Frédéric, Clément, Robert, Aldo, Harry, Raynald, Gilles, Roger, Patrice, Albert, Gordon, Joseph, David, Linda, Ernest, Hildegarde, Immanuel, Douglas, Daniel, Claire, Lucille, Rolland, Alain, Simon, Serge, Desmond, Ubald, Bijan, Rodrigue, Donald, Philippe, Émilien, Antoine, Brian, Mario, Arnold, Gaètan, Pauline, Denis, Élie, Majella, André, Dominique, Armand, Lionel, Christian, Réal, et Henri.
Tout le monde est entassé dans l’exigù espace donnant sur la baie des basques à l’abri du vent. Tout le monde est occupé à s’équiper, ou se déséquiper. Tout le monde est là à se piler sur les palmes. Tout le monde demandent et se passent des pièces d’équipement: des masques, des palmes, des bottillons, des conseils, des tasses de café, des couteaux, des manomètres, des tubes de K-Y (pour mettre les poignets des drysuits, rassurez-vous), des biscuits Oréo, des garde-détendeurs-sur-la-console, des profondimètres, des tubes de silicone, des ordinateurs de plongée, des épithètes, des cagoules, des gants étanches, des contrepètries, des garde-plombs, des gants, de la colle à néoprène, des thermomètres immergeables, le libretto de "Il traviatore", des pintes de lait, des bouteilles, des surnoms, des vestes de compensation, des pluviomètres, des drysuits, de la colle à sniffer, des exemplaires de "Sous les eaux du Saint-Laurent", des stéroïdes anabolisants, un képi, des haut de wetsuit, des thermomètres buccaux, des plinthes chauffantes, des bas de wetsuit, des cartes de certification, des bouteilles de coke flat, des tee-shirts Snoopy, des su˙ons à la cerise, des popsicles, des histoires salées ("Connais-tu l’histoire du pou qui repeind son flacon?"), des histoires de baleines, des histoires de belle-mères, des bas-culotte, des histoires à la mord-moi-le-noeud, des leviers d’aiguillage, un ensemble complet des oeuvres intégrales de Jules Romains lues 3 fois (introuvable!), des contraventions, des casquettes, des cartes de remplissage, des anémomètres, des cartes de spécialité, des bustes de Elton John, des cartes à jouer, des cartes de visite, des sacs de chips, des cartes de compétence, un autographe de la Poune, des pantalons, des disques de Maurice Chevalier, des lames de tournevis Phillips, des pintes de bon-sens, des cartes de la vallée de l’Albula, des horodateurs, des cartes de circulation sur les chemins de fer Rhétiques, un shako, des cartes de carton, des cartes de rationnement, une carte topographique du Grand duché du Luxembourg, des piles rechargeables rechargées, des verres protecteurs, des cartes de crédit, des cartes en papier, des châteaux de cartes, des rouleaux de duct-tape, des bas de costume de bain de gars, des autos miniatures (échelle HO), un exemplaire de "La déroute chez l’ennemi" dédicacé, des pantographes, des D-rings, des lampes de poche, des Q-tips, des bouteilles de bière, une bouteille de scotch de 12 ans, des verres de cognac, des modulateurs d’amplitude, des verres correcteurs, des vers de terre, une salière, des choquelles d’attellage, des disques de Marcel Marceau, des vers de Verlaine, des pantoufles de vair, de la poutine, des rustines, des têtes de pioche, des films de Laurel et Hardy, une salpètrière, des oursins, des fixe-palmes, des hauts de maillot de bain de filles, des boîtes de fèves-au-lard (probablement pour des mélanges respiratoires exotiques), des analyseurs d’oxygène, un gabarit, un vieux billet d’autobus de Varsovie périmé, des montées de lait, des baromètres anéroïdes, des disques de Ti-Blanc Richard, des vistemboirs mérovingiens, des poussées de fièvre, des thermomètres bimétalliques, des photographies de Maurice Couve de Murville en pied, une carte de la FFESSM autographiée par monsieur Imbert lui-même, des piles rechargeables déchargées et un raton laveur.
Dans l’eau, un moniteur s’époumone à expliquer la procédure de ce qui est, de toutes évidence, une séance de certification. Et les élèves sont en drysuit! Ah, il est beau le portrait. Et évidemment, pas la moindre trace du Geheimeshwampolizeiobergrüppenführer qui là, aurait un bon motif de mécontentement. Mais non, il est probablement fort occupé à regarder ailleur si j’y suis.
Bref, malgré ce sfouribouri, on parvient quand-même à s’équiper et surtout (le plus important!) à s’immerger.
Lieu très différent des autres. Le fond descend très graduellement, puis ˙a s’accentue rapidement. Dans le temps de le dire, nous sommes en de˙a des 20 mètres. Je furète ˙a et là à regarder les anémones (et l’éventuelle sigouine de roche) quand je vois mon copain qui me fait des signaux lumineux hystériques (ce qui est mieux que des signaux de fumée). J’anage (hé ho, je peux quand même pas dire "j’accours", non?) et le rejoins alors qu’il me pointe vers un trou au fond duquel j’aper˙ois la bouche caractéristique d’un loup atlantique! Mon premier! C’est quand-même drôle de le voir au fond du trou, attendant tranquillement en nous regardant...
Puis un peu plus loin, c’est le même manège. Un autre loup atlantique, bien au fond de son trou! Décidément, c’est notre journée!
Depuis le début de la plongée, j’ai de la misère à regarder à gauche. Je suis mes boyaux avec la main, pour m’apercevoir que le détendeur et le manomètres sont enroulés l’un sur l’autre. Bon. Je crois pouvoir démêler ˙a. Je fais un premier tour, en prenant bien soin de garder l’embout en bas, car le G-250 est très porté à freeflower (˙a se prononce comme ˙a s’écrit), surtout si le venturi est mis à la planche, et me le remet dans le clappoir une fois l’opération effectuée. Un peu mieux, mais pas les gros chars.
Je retâte pour constater que c’est toujours emmelé. On remet ˙a, au moment où deux autres de nos illustres membres arrivent dans le portrait. On me regarde curieusement, d’autant plus que je commence à m’élever tranquilement les pieds en haut. Je leur fait "tout va bien" quand j’ai soudain une crampe. Je vide un peu d’air de mon habit - pas facile la tête en bas -, parviens à faire faire au détendeur un tour autour du manomètre, puis me remets la suce dans la gueule, tette un bon coup pour m’apercevoir que le tuyau est du mauvais bord, puis le remet correctement. Je touche le fond au moment où mon copain me met la main sur le mollet. Le tout de la main gauche, parce que de la main droite pend ma lampe et que je suis également occupé à faire le signe "mammamia la bonne pizza" avec.
Ceci dit, il ne me reste pas assez d’air pour que je ne pense pas à remonter. Mon copain avisé, je remonte tranquillement, alors qu’il me suit plus bas. Mes contorsions ont probablement dérangé quelque-chose dans ma cagoule et ouvert un vieux trou dans mes gants, car j’ai pas mal froid. Je regarde mon chronomètre: pas étonnant, ˙a fait 25 minutes que je suis dans la vichyssoise!
Le palier de sécurité me semble durer une éternité, d’autant plus que je le compte à partir du moment où mon copain m’y rejoint. Arrgh que j’ai hâte de sortir, je suis gelé! Et mon habit a décidé de réveiller sa fuite diffuse dans le dos, sans compter qu’il va falloir sérieusement réviser le joint "étanche" du poignet droit. Ça doit être à cause des "mammamia la bonne pizza"...
Le fond rocheux uni est jonché d’oursins et de coquilles. En surface, les nuages semblent s’être suffisamment dispersés pour laisser entrer le soleil, mais ˙a ne me réchauffe pas plus pour autant. Arrgh, on dirait que le froid s’insinue tout partout!
Finalement, les 3 minutes sont écoulées, et on remonte. Je monte l’escalier à genoux, car je n’arrive pas à enlever mes putain de palmes. Heureusement que je suis aidé par une membre qui a la gentillesse de me piler sur les palmes pour que le les enlève.
Puis c’est le décarpillage. Surprise, presque tout le monde est parti. Il ne reste plus qu’un couple qui s’équipe tranquillement. Tant mieux, on respire mieux. On prend son temps et on s’étale, puis on sort la bouffe.
Puis, après des conversations très banales, on rapaille notre stock, et on décolle. Le voyage de retour fut très éprouvant, en raison d’un orage diluvien qui nous a accompagné tout le long de la route.
Voilà ce qu’ont manqué ceux qui ne sont pas venu aux Escoumins avec nous.
Rideau.
"17:57:57" "Mar 28 1999" |