Les nouvelles voitures
Nightstar de VIA Rail Canada
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Les rames pendulaires LRC (Bombardier) de VIA Rail commençant
à prendre de l'âge, VIA Rail a étudié la possibilité
de les remplacer avec une soit-disant aubaine : les voitures prévues
pour le service de trains de nuit via le tunnel sous la Manche, mais qui
n'ont pas été complétées suite à l'abandon
des liaisons cela même avant la mise en service!
En 2000, trois voitures ont donc traversé l'Atlantique
pour atterir au Canada, dans le but d'être examinées par
VIA Rail dans le but d'être utilisées.
Campagne d'essais
En automne 2000, Via Rail Canada a entamé
des essais en ligne de sa rame "Nightstar", dans le but d'évaluer
la possibilité de l'utiliser en remplacement de ses rames pendulaires
LRC.
(Le 15 décembre 2000, Via Rail a annoncé
par communiqué l'acquisition des 139 voitures pour la somme
de 125 millions de dollars, un prix assez avantageux à première vue).
Je l'ai vu de la façon la plus directe
possible, hier, en l'entr'apercevant dans une voie d'évitement,
à Casselman, en Ontario, alors que je me rendais d'Ottawa à
Montréal.
De retour
aujourd'hui vers Ottawa, j'ai été déçu de
ne pas la revoir à Casselman, ni ailleurs sur la ligne, mais immensément
comblé de la voir à la gare d'Ottawa, attellée à
la locomotive LRC 6905!!!
Il va sans dire que j'ai entrepris de la scruter
attentivement...
Les voitures sont belles. Elles sont vert pâle
et vert foncé, et un logo "nightstar" (un soleil et la
lune) de grand diamètre orne le flanc de chaque voiture, au centre
géométrique. La ligne est claire, mais galbée, gabarit
britannique oblige. Et elles ont au moins une trentaine de centimètres
de moins que la locomotive... Ça promet pour l'intérieur...
Quelques fils pendent ça et là, sur le bord
de la locomotive, attaché par du ruban gommé. Mais ce qui
m'intrigue le plus, c'est comment ils ont attellé la rame à
la locomotive LRC... Je m'approche donc entre la machine et la rame, et
aperçoit, ô horreur, un bricolage épouvantable.
Un cheminot passant par là se gratte la
tête, stupéfait de consternation... Et y'a de quoi! Ça
dépasse de partout! C'est désaxé! Ça heurte
la sensibilité! Ça détonne! On dirait carrémment
un dessin de Dubout!!!
Tout d'abord, l'axe de l'attellage des Nightstar est un
bon vingt centimètres au dessus de celui qui a cours chez-nous.
On a donc bricolé une espèce d'atelle bâtarde, ayant
forme d'une bonne vieille mâchoire de "knukle" de chez
nous à l'extrémité occidentale, et une plaque plate
munie de quatre trous du côté oriental.
C'est que l'attellage des Nightstar ne ressemble
à rien de ce que j'ai vu jusqu'à présent... Point
de Janney, Miller, Sharfernberg, Boiron, tampons et choquelle, mais un
très curieux attellage sexué, dont la partie femelle reçoit
quatre boulons articulés (d'un diamètre d'environ 2 cm chacun),
et une énorme bitte (y'a deux "T", hein?) d'une quinzaine
de centimètres environs.
Comme le tout est de construction rosbif, pour ne pas faire
comme les autres, ils ont décrété que la locomotive
est mâle.
Donc, le ravissant dispositif d'une attelle décentrée
est complété par un très sobre tranformeur pour la
ligne d'éclairage/chauffage, le tout plaisamment installé
dans l'intercirculation.
J'examine les bogies, légèrement
instrumentés. Suspension primaire à ressorts, de part et
d'autre des essieux, et suspension secondaire à ballons pneumatiques.
Très banal, en fait.
Les portes, aux extrémités de la
voiture, sont faites pour un quai haut. Mais ce qui semble être
un escalier repliable élaboré laisse espérer une
certaine compatibilité avec les quais bas...
Je marche ensuite le long de la rame, et, en fait, tout
ce qui jure est un chargeur de batteries, branché directement sur
les plots des batteries.
Arrivé au bout de la rame de trois voitures
(une voiture à couloir central décentré, un fourgon-bureau
du chef de train-bar-compartiment lit pour handicappé avec toilette
et une voiture-lit, j'en examine l'extrémité.
De l'intercirculation béante, jaillissent
quelques fils qui vont se perdre dans le bogie, via les méandres
des conduites et connecteurs. La conduite générale descend
sous l'attellage pour remonter se brancher du côté opposé.
Seule concession, un connecteur avec une jauge de pression a été
hâtivement installé dans le boyau. Il ne semble pas y avoir
de conduite principale, mais je n'ai regardé que rapidement.
L'intercirculation est étonnament large; au moins
1m50. Elle est munie d'un boudin de caoutchouc qui est plutôt rikiki,
mais 6 ou 8 vis permettent d'arrimer chaque moitié d'accordéon.
Je suppose que si on a 4 boulons à dévisser pour dételler
une voiture, 6 boulons de 5mm de diamètre sont une broutille...
Trois lignes électriques complètent
le tout; d'après la grosseur des connecteurs, je dirais qu'il n'y
a pas plus de 3 conducteurs dans chacune.
Et le plus étrange, ce bras latéral
reliant l'"attellage" au longeron latéral gauche, vraisemblablement
muni d'un amortisseur ou ressort quelconque, car il est télescopique.
Pour compléter le tout, les trous de crochets
de relevage sont SOUS le plancher de la voiture, plutôt que près
du toit (du moins, comme on le fait chez-nous).
Vraiment du matériel étrange.
Survient alors le chef des essais, qui me lance
un joyeu "bonjour"; il semble heureux de voir une nouvelle tête.
Nous engageons la conversation.
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