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Le Canard Déraillé

France 1992

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Jeudi 14 mai :
solo ferroviaire en huit majeur.
Saint-Gallen: on y trouve le TB...
Comme je n’ai que trois semaines en Europe, et quatre jours exclusivement sur le même chemin de fer est un luxe dont j’ai de la difficulté à justifier la jouissance, j’ai décidé de faire cavalier seul afin de voir d’autre chemins de fer. Jacques m’a bichonné un itinéaire pas piqué des vers, le «grand huit», où Zürich constitue le point le plus éloigné. Départ donc de bon matin, pour Chur, où je change pour St-Gallen. Nous passons par Sargans, où jusqu’à Buchs, nous longeons la frontière du Lieschtenstein. L’arrivée à St-Gallen se fait au fond d’une tranchée, qui, bien pleine de végétation, ne laisse pas voir grand-chose.

A St-Gallen, je peut examiner de près quelques rames automotrices du SGA. Chouïa, comme matos, mais sympathique. Après avoir englouti un sandwich, je monte dans une rame du SÖB, à destination de Arth-Goldau.

...et le SGA

Tu parles d’un voyage! Des rampes de 5% en voie normale, c’est impressionnant. Mais ce qui est plus impressionnant, c’est le gars des PTT en mobylette, qui est à chaque gare, et prend le courrier directement du fourgon. Même qu’il a souvent quitté la gare avant que le train ne reparte! Comment est-ce que les gens, chez-nous, ont il pu accepter sans broncher une déterioration du service postal où une lettre prend deux jour pour traverser la ville, le tout en augmentant les tarifs de 400% en quinze ans?

Arth-Goldau. Terminus. Drôle de gare, où les voies se séparent en triangle. Le bv est engoncé dans la pointe, mais est dégagé àl’aute bout. Je vois passer une route roulante, presque vide. Vraiment drôles, ces wagons à roulettes, parce que j’ai pu entrevoir leur roulettes... Des roues de draisines, tout au plus. Ça doit coûter une fortune en reprofilage. Je comprend que la SNCF renâcle...

à Arth-Goldau, une crémaillère!
En marchant un peu, surprise! En viaduc, par dessus les voies, le terminus d’une ligne à crémaillère. Un peu plus loin, le dépôt où un engin bizzaroïde se prélasse au soleil : un chasse-neige, de fabrication artisanale. Prenez un wagon plat à quatre roues, une vieille camionnette volkswagen, un peu de métal, et hop! je vous fais un chasse-neige... A mon avis, le chef de traction s’est levé un matin en se disant «tiens! j’ai une idée pour transformer la vieille camionnette de tante Greta»... Ou il abuse des «Fiches Bricolage de l’Oncle Grüber» (à moins que ça soit une idée qui vienne de Railroad Model and Craftsman : «Kitbash your own snowplow with a WV van»)... 100m plus loin, un aiguillage à crémaillere expose sans pudeur toute sa complexité. Ames sensibles, s’abstenir!

Les fiches bricolages de l'oncle Grüber :
aujourd'hui, un chasse-neige à partir d'une Volkswagen

J’ai tout juste le temps d’attrapper une glace avant de déguster mon train. Je m’installe dans une bagnole des FS (le train arrive de Milano) et ai un compartiment de première plutôt dégueu à moi tout seul. Au moins, je peux ouvrir la fenêtre toute grande. Je n’ai pas été contrôlé du tout en arrivant à Zürich.

Zürich hbf. Une grande gare en pleine mutation. Des tampons, je prend à gauche, au hasard. J’arrive sur la rue, et ai le plaisir de voir passer un tramway. Ça commence bien. Je vais changer un peu de fric, et commence à inspecter la gare. Je descend en sous-sol, voir la gare de RER. Pas mal, quatre voies, deux quais en granite, c’est une belle gare souterraine. Mais Jacques m’avait parlé d’une ligne à l’électrification non orthodoxe, où la compatibilité avec le réseau existant est assurée en décentrant le pantographe, ce qui permet une circulation simultanée et bi-courant. Pas de voie bizzare là, donc ça doit être à l’autre bout de la gare (toujours!).

Un aiguillage à crémaillère exhibe toute sa complexité sans pudeur.
Je remonte, et traverse la gare. Deux autres voies souterraines sont annoncées. Je descend, et Haha! la voie aux deux caténaires, euh pardon, rails de contact (génial, ce truc) est là. Je vais au bout du quai, observer l’arrière gare. Pas très longue, même pas 100m. Les deux voies se rencontrent, et il y a deux voies en cul-de-sac et une est occupée par une remorque. L’éclairage parcimonieux (mais non lugubre) interdit toute photo. Je reviens sur mes pas, et j’ai de la chance, car un grondement augure l’arrivée d’un train. Une de ces rames spéciales? Oui, un gros tramway (pardon, une petite rame à unité multiple) orange s’immobilise dans la gare.

Je remonte en surface, il me reste encore une demi-heure avant mon train. Comme il fait beau, je vais marcher un peu, et croque les trams au passage. Je n’ai pas à m’éreinter, tous les types défilent les uns après les autres. Articulés, avec remorque, en solo...

Le soleil tape, et je retourne à la gare. J’en profite pour me prendre une réservation Lausanne_Paris pour demain.

Un double tram articulé dans toute sa splendeur zurichoise...

J’attend mon train en léchant une glace, et contemple le vulgus peregrinator svizzera dans sa splendeur. Disons le tout net, il a un peu plus de panache que le voyageur moyen américain. Les rames de RER à deux niveaux vont et viennent (normal, la gare est en cul-de-sac; elles n’ont pas le choix), et ne semblent pas se soucier des deux gares souterraines.

Elles sont élégantes, et pas prétentieuses. Elles offrent beaucoup de place, les fenêtres sont généreuses. La seule note discordante semble être la grandeur disproportionnée des portes. Ça déconcerte de voir une frêle demoiselle s’approcher d’un de ces immenses vantaux, d’en frôler la poignée, et de voir l’immense porte coulisser... Une autre chose est le compartiment fourgon installé dans la locomotive, où du personnel s’affaire toujours à y mettre du courrier ou ne je sais quoi. Même si on se dit qu’il y a déja eu des trams postaux (avec tri à bord) à New-York, ça surprend de voir du courrier dans le métro...

Trêve de rêveries, mon train s’annonce et se pointe. Machine en avant coincée entre la rame et les tampons. Je monte, me déniche une place, et attend le départ, bien au frais. Là, je me laisse voiturer. Pas question de courir après des photos, je suis vanné. On part... Zürich, Wiedikon, Thalwil, Wädensil, Pfäffikon, Schübelbach-Buttikon, Ziegelbrücke, Mols, Sargans, Landquart et Chur défilent sans problèmes. Mais je dois changer d’écartement!

J’ai tout juste le temps de me ramasser une glace au « kiosk » avant de monter dans le train du Rhb pour Bergün.

Je trouve quand-même l’énergie pour appuyer sur le déclencheur de mon appareil, surtout lorsque la rame s’engage sur le viaduc de la Landwasser... Pas de comité d’accueuil (ils doivent êtres vannés après une journée à cavaler sur les sentiers...). Vannés, mais pas morts, car la bouffe est entreprise avec une vigueur qui ne peut être que gauloise. Bouffe qui s’éternise au point que le patron, après nous avoir servi deux bouteilles de champagne nous en offre une troisième! On tente de fraterniser du mieux que nos connaissances d’allemand nous le permette... Je parviens à placer que je désirerai régler l’hôtel, puisque je quitte tôt le lendemain, d’où acte. Il est pas mal tôt quand je me couche.

Que les âmes sensibles se rassurent, je n'ai pas neigé dans mes pantalons.

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